Résistance antimicrobienne selon la perspective Une santé. Le cas de Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline
Carmen Torres
University of La Rioja, Area Biochemistry and Molecular Biology, OneHealth-UR Research Group, 26006 Logroño, Spain (carmen.torres@unirioja.es)
La résistance aux antimicrobiens (RMA) est un problème mondial qui s’est amplifié au cours des dernières années, compromettant le traitement des infections chez les humains et les animaux. Staphylococcus aureus est un microorganisme commensal chez les humains et de nombreux animaux. Il est aussi un pathogène opportuniste important représentant les isolats résistants à la méticilline (SARM) qui posent un problème clinique important. Le mécanisme de résistance impliqué dans la majorité des cas est lié au gène de résistance mecA (codant la PBP2a).
Depuis 2005, l’émergence de variants SARM associés au secteur animal a été mise en évidence, particulièrement chez le bétail (appelés LA-SARM). Ces variants ont un impact majeur sur la santé publique. L’une des lignées génétiques d’intérêt au sein du LA-SARM, CC398, est majoritairement liée aux porcs, même si elle peut être également détectée chez d’autres animaux de la ferme (poulets, dindes, bovins …), et même être retrouvée chez les animaux vivant en liberté ou dans l'environnement. La lignée SARM-CC398 a aussi été fréquemment détectée dans des produits alimentaires d’origine animale (porc, volaille...). Le clone SARM-CC398 peut coloniser et causer des infections chez l’homme, notamment chez les gens en contact professionnel avec les animaux de la ferme (particulièrement les porcs) mais est aussi de plus en plus rapporté chez des patients en contact avec d’autre types d’animaux ou sans ce facteur de risque. Cette lignée génétique est couramment retrouvée dans les hôpitaux situés dans des régions géographiques à forte densité d’élevages porcins et des travaux de recherche portant sur d'autres activités agricoles (vollaille, vache) sont en cours. L’étude de LA-SARM dans les environnements humain, animal et environnemental fournira un modèle important pour comprendre la dimension de l’approche Une santé et sera analysée via l'étude de la SARM ST398 réalisée par le groupe de recherche OneHealth-UR. Une analyse de la situation dans d’autres pays et continents sera également réalisée.
D’autre part, en 2011, un nouveau mécanisme de résistance de S. aureus résistant à la méticilline, appelé mecC, a été décrit, lequel encode la protéine PBP2c. Les souches SARM possédant ce mécanisme mecC ont été initialement détectées chez les bovins et les humains dans des élevages au Royaume-Uni. Dans les années suivantes, des souches SARM-mecC ont été sporadiquement détectées chez d’autres animaux et dans de rares cas d’infections humaines. Néanmoins, différentes études, dont certaines du groupe de recherche OneHealth-UR, ont montré que SARM-mecC est majoritairement détectée dans la faune (cerfs, hérissons, lapins de garenne…), avec certains cas sporadiques chez les animaux de la ferme et les humains. Les données du groupe Une santé sur ce sujet seront présentées conjointement avec les recherches d’autres groupes, ce qui permettra l’analyse des aspects évolutifs des lignées SARM qui sont à l’interface humains-animaux.