Résistance antimicrobienne et défis liés à l'environnement
Jean-Yves Madec1

1ANSES, Lyon, France

Les moteurs de la résistance aux antimicrobiens incluent leur utilisation par les humains et les animaux ainsi que la dissémination de bactéries résistantes et de gènes de résistance au sein et entre ces secteurs. En outre, la pollution par les antibiotiques et les bactéries multirésistantes (BMR) via les déchets industriels, hospitaliers, communautaires et agricoles augmente également le résistome environnemental, et plus important encore, a un impact sur la génétique des populations bactériennes et les microbiomes. Par conséquent, l’environnement joue non seulement un rôle dans la transmission des BMR déjà en circulation chez les humains et les animaux mais aussi dans l’émergence de nouveaux déterminants de la résistance pouvant potentiellement avoir un impact sur la santé publique. De tels évènements évolutifs restent très difficiles à prévoir et à retracer mais nous pouvons supposer que la pression sélective exercée sur l’environnement par les pratiques actuelles liées aux antibiotiques au niveau mondial favorise la mobilisation et la dissémination de ces gènes. D’autre part, les microorganismes environnementaux sont depuis longtemps une source d’antibiotiques naturels, ce qui met en évidence la double nature de ce milieu complexe. Puisque les habitats humains, animaux et environnementaux sont interconnectés, et que les bactéries traversent souvent les limites des espèces, il ne fait aucun doute que l’approche Une santé est nécessaire pour lutter contre les BMR chez les humains, les animaux domestiques, les plantes et toutes les composantes de l’environnement. La conférence passera en revue notre compréhension actuelle du rôle de l’environnement dans son ensemble- incluant l’eau (rivières, mers, effluents), les sols et la faune sauvage - dans le fardeau mondial de la résistance aux antimicrobiens et présentera des actions ou stratégies potentielles qui pourraient contribuer à réduire les risques d’émergence, d’évolution et de dissémination de la résistance aux antimicrobiens, et au final, réduire son impact négatif sur la santé mondiale.