Place des alternatives aux antibiotiques dans l’arsenal thérapeutique vétérinaire : enjeux et défis.
Damien Bouchard

Agence Nationale du Médicament Vétérinaire, Fougères, France

Les plans d'action pour lutter contre la résistance soulignent l’importance de développer de nouvelles approches thérapeutiques. De nombreuses initiatives explorent l’utilisation de traitements alternatifs ou complémentaires pour limiter le recours aux antimicrobiens dits « traditionnels » chez les animaux. On peut bien-sûr citer la vaccination mais également les anticorps, les bactériophages, les peptides, les probiotiques ou encore les extraits de plantes. D’un point de vue règlementaire, certaines de ces substances sont qualifiées de « frontière », relevant de par la ‘présentation’ et/ou la ‘fonction’ soit de la règlementation sur le médicament vétérinaire, sur les biocides, ou encore celle sur l’alimentation animale.

Les antibiotiques sont autorisés en tant que médicament et donc indiqués pour le traitement ou la prévention de maladies infectieuses. De fait, un traitement souhaitant se substituer pour cette indication sera considéré comme médicament vétérinaire (allégation thérapeutique). Cette catégorie est strictement réglementée, son développement est encadré par la nécessité d’études de sécurité pour l’animal, pour l’homme et l’environnement ainsi que des études d’efficacité vis-à-vis de la pathologie visée, la mise au point d’un procédé de fabrication et de contrôle garantissant une production industrielle de qualité. La mise sur le marché est subordonnée à l’obtention préalable d’une autorisation administrative. Sa production et sa distribution en gros ou au détail, sont réservées à des professionnels ayants-droit.

À noter qu’un certain nombre d’autres produits sont administrés aux animaux mais soumis à des règlementations spécifiques.

- des produits biocides : destinés à détruire, repousser ou rendre inoffensifs les organismes nuisibles, à en prévenir l’action ou à les combattre, par une action chimique ou biologique (par exemple les désinfectants pour une hygiène vétérinaire).

- des aliments pour animaux : produits plus ou moins élaborés contenant ou non des additifs. Ils peuvent viser des objectifs nutritionnels particuliers et sont alors qualifiés d’aliments diététiques.

Aujourd’hui, les enjeux portent sur la réglementation du médicament vétérinaire, pour laquelle il n’existe pas de cadre réglementaire spécifique à l’évaluation des produits dits « alternatifs ». Les réflexions en cours aux niveaux européens visent à élaborer des lignes directrices spécifiques définissant le niveau d’exigences en termes de qualité, d’innocuité (incluant le risque de résistance) et d’efficacité pour l’établissement du bilan bénéfice/risque de ces produits. Ces exigences devront être suffisamment souples pour inciter au développement de médicaments innovants tout en garantissant une utilisation sure et efficace pour l’homme, l’animal et l’environnement pour répondre à l’objectif globale de réduction de l’exposition aux antimicrobiens.