Staphylocoques à coagulase négative résistants à la méthicilline: Rôle clé dans dans le maintien et la dissimination de la résistance aux antibiotiques à l'interface humain, animal et environnement
Ramzi Boubaker Elandoulsi a, Sana Dhaouadi a,c , Leila Soufia, Floriana Campanile b, Ameur Cherif a, Stefania Stefani b
a University of Manouba, ISBST, BVBGR-LR11ES31, Biotechpole Sidi Thabet, Ariana, Tunisia ; b Department of Biomedical and Biotechnological Sciences, University of Catania, Catania, Italy ; c University of Tunis El Manar, Rommana City, Tunis, Tunisia
La résistance aux antibiotiques est un problème allant au-delà de la santé humaine et qui ne peut être abordé qu’avec une approche “Une santé”, qui considère la médecine humaine et vétérinaire en parallèle en tenant également compte des facteurs environnementaux. Outre S. aureus, d’autres espèces de staphylocoques, appelées staphylocoques à coagulase négative (CNS), colonisent fréquemment les animaux et les humains. Ces dernières ont des taux de résistance à différentes classes d’antimicrobiens qui surpassent ceux des S. aureus, considérées comme étant des réservoirs de résistance aux antimicrobiens pour d’autres bactéries plus pathogènes.Il a été, de plus, suggéré que les CNS étaient à l’origine de gènes qui confèrent une résistance à d’importantes classes d’antimicrobiens tels les bêta-lactamines. Il y a un manque de connaissances et de données concernant la dynamique de la transmission de la résistance aux antibiotiques. Nos travaux de recherche fourniront des données importantes sur l’impact du mauvais usage des antimicrobiens dans les environnements agricole et animal. La présente étude visait 1) l’isolement, l’identification et la caractérisation génétique de bactéries résistantes aux antibiotiques d’origine environnementale, animale et humaine; et ii) à évaluer les facteurs de risque de transmission de gènes de résistance aux antibiotiques afin de développer des mesures préventives et des stratégies de contrôle efficaces. Après la collecte d’échantillons de différentes origines (humains, animaux et environnement) et l’isolation et l’identification de bactéries résistantes, des méthodes moléculaire, génomique et métagénomique innovantes ont été réalisées. Les CNS des trois origines portaient divers gènes de résistance [mecA, blaZ, tet(K), erm(A), erm(B), msr(A)], suggérant un échange de gènes entre les CNS provenant des 3 niches. Le gène mecA a été détecté chez les CNS (n=11) isolés de vaches, fumier et humains, tandis que le gène mecC (n=3) a seulement été détecté chez les CNS isolés de vaches et de fumier. Différents types de cassettes staphylococciques mec (SCCmec)– SCCmec type I (n=1), II (n=3), IV (n=2), V/VII (n=2) et non typables (n=3) – et divers profils d’électrophorèse en champ pulsé ont été observés pour les CNS mecA positif. Par ailleurs des types de SCCmec et des profils PFGE similaires ont été observés dans les CSN résistants à la méthiciline provenant de différentes fermes et de différentes origines montrant ainsi l’échange inter-espèces potentiel de SCCmec et la circulation des mêmes clones de CNS résistants à la méthiciline dans l’interface homme-animal-environnement. Ces résultats permettront de minimiser le transfert de gènes et/ou de bactéries de l’environnement vers les animaux et entre les animaux et les humains et contribueront au développement socio-économique de l’agriculture durable ainsi qu’au bien-être des animaux et des humains.
Mots-clés: CNS, Interface humain-animaux et environnement, Dissémination clonale